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J’entends parfois des gémissements devant la « complexité » du système d’échange en locos — en particulier quand on aborde les conditions de son émission.

Et croyez-moi, je travaille fort pour rendre la chose intelligible.

D’abord, le système d’échange en loco est calqué sur le modèle monnétaire pour deux raisons principales :

1. le fonctionnement de base (achat-vente) est facile à comprendre pour qui connait déjà l’argent (donc : tout le monde) ;

2. un tel système d’échange est rapide à déployer avec les technologies logicielles libres déjà disponibles.

Mais l’objectif n’est pas de créer une nouvelle monnaie. L’objectif est de rétablir la capacité de production et d’échange d’un groupe humain indépendamment des contraintes monétaires. On peut donc considérer le loco comme une monnaie de transition — transition d’un mode de production structuré sur l’argent vers un mode de production structuré sur les besoins d’une communauté.

Je réalise que toute pensée sérieuse doit d’abord comprendre ceci : derrière la « simplicité » apparente du système monétaire, se cache toute la complexité des rapports de production qui déterminent, maintenant comme jamais, le devenir de notre monde. Si on veut avoir la moindre saisie sur ce que nous voulons devenir, collectivement, il n’y a pas mille chemins : il faut entrer dans la compréhension de cette complexité.

Le projet du loco n’est pas un système « alternatif » qui va résoudre tous les problèmes du système monétaire en demeurant « à côté » de celui-ci. Le projet du loco est une étape dans un projet de résistance collective à la surdétermination de l’argent, de l’exploitation du travail, de la servitude du salariat et du contrôle centralisé de l’État asservi aux impératifs économiques. Il établit et défend une frontière entre une communauté qui veut reprendre le contrôle de son devenir et les impératifs financiers extérieurs à cette communauté, qui doivent à tout prix détruire toute velléité de communauté humaine autonome.

Le loco est une arme défensive. Et pour se défendre adéquatement, il faut bien connaître son ennemi.